Mon hommage aux soignants

La Maison des anciens

A deux pas d’océan l’est une maison claire
aux frais volets de vert
peuplé d’âmes d’anciens aux souvenirs d’hier
dont les yeux interrogent pour n’être pas si seuls.
Où la vie cherche un lieu pour s’offrir en bonheur
Où le bougainvillier entre vert et violet s’impose
jusqu’au deuxième étage.
Au parc s’extasient à la beauté d’un arbre
ici le platane et le chêne ont des hauteurs bibliques
« J’entends le chat qui miaule et puis l’oiseau qui vole »,
dit-elle « que la montagne… » ELLE, pour l’aider
« mais, c’est l’horizon »
Mais elle se renfrogne. Alors, peu importe !
Les fauteuils au salon les mots sont aigre-doux pour conserver le sien
les accueillent qui dorment qui somnolent qui veillent.
« Il y a tellement longtemps, dit-elle, autour d’elle, que personne ne vient… »
ELLE « Il est venu hier, et puis avant-hier… Vous ne vous souvenez plus ? »
« Cela m’étonnerait ! je l’aurais vu quand même ! »
« Oui, oui, mais calmez-vous ».
Oublient souvent. Oublient parfois, les presque centenaires.
Autour de la grand-table le jeu est proposé pour ceux dont la mémoire
un instant titillée donne encore des réponses.
« Le nom de ce Roi franc, de ce savant ? »
Minutes d’espérance.
ELLE mène le jeu, guide et encourage à voix persuasive et douce.
Chacun en a sa part et la prend pour lui seul. Aiment tant être félicités !
A deux chaises de là elles élèvent la voix. Le voisin les agace.
Si le voisin sourit, elle lui font la grimace et détournent les yeux.
« Allons mesdames, que se passe-t’il ? » ELLE veille
De fauteuils côte à côte elles lancent des mots, disent, fort bien,
l’histoire qui les mena ici. Tricotent et comptent leurs rangs
ELLE reprend un point, conseille, apporte un verre d’eau,
avance une chaise, sourit et menace – innocemment – du doigt
celle qui joue à cacher la canne d’une voisine qui fuit à pas trainants
pour n’être pas rejointe.
A leurs yeux Passe Danse et Disparaît l’image de la télévision
Au soir venu se regroupent aux meilleures clartés vont en groupes au repas.
ELLE
« Allez debout messieurs, donnez-moi donc le bras. Votre amie, où est-elle ? »
Trottine derrière une canne qui lui ouvre la porte.
Et quand le repas pris le grand salon se vide ELLE aide chacun à regagner sa chambre, mène au lit, borde, souhaite longue et bonne nuit… même s’il est grognon.
Et quant aux étages dorment les pensionnaires
ELLE VEILLE
Au matin quand assurent n’avoir pas fermé l’oeil
ELLE, souriante, MAIS VOUS AVEZ POURTANT UNE EXCELLENTE MINE !

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