En ce temps-là… le rugby ! suite

L’école de rugby n’existait pas et n’aurions pu  connaître le terrain, balle en mains, qu’à l’école ou dans nos premières années de collège. Comme cela ne serait jamais le cas à celui d’Orthez, il nous faudrait attendre.
Et, paradoxalement, c’est mon indiscipline qui me donnerait l’occasion de participer à mes premières rencontres. Et ce, après avoir été exclu du collège d’Orthez, après plusieurs observations et jours de « repos » prescrits par la direction, mises à la porte de trois jours qui, accumulées, avaient fini par lasser les professeurs dudit collège, alors que je venais d’entamer la classe de quatrième.
À mon arrivée au lycée Louis Barthou, à Pau, l’élève Fort serait prié de se présenter au bureau de monsieur le Censeur. Ce qu’il ferait  docilement. Et là, stupeur, je le reconnaissais, il me reconnaissait !
Le Lycée Louis Barthou, à Pau, m’accueillerait donc, bras ouverts « et poings fermés » à la suite d’une histoire des plus rocambolesques que je ne puis manquer de conter, bien que « hors sujet ! »
À Orthez, chaque soir, après l’heure de la sacro-sainte étude, nous regagnions, à pieds, mon plus jeune frère et moi, lui toujours accompagné de l’un de ses camarades de classe, notre domicile.
Tous deux avaient trouvé, comme jeu, celui de lancer, chaque soir, sur l’une des rares automobiles circulant alors, une poignée de gravier avant de  dégringoler quelques mètres en contrebas de la route.
Ce soir-là, alors qu’il faisait déjà presque nuit, l’automobiliste s’était arrêté et portière ouverte, s’était trouvé nez à nez avec moi. Bien que totalement innocent, mais impressionné par la stature de l’homme, je ne pouvais résister à sa poigne… pour être littéralement embarqué dans sa voiture. Il me ramènerait de force, « chez moi ». !
Ce qui serait fait cinq minutes plus tard. Miracle, je n’avais pas ce jour-là, reçu de raclée, mes parents ayant cru en ma version, le ou les coupables m’étant, bien entendu, inconnus !
Et voilà qu’aujourd’hui, porte de bureau du censeur ouverte, il était là, géant aux épaules carrées, me fixant droit dans les yeux…
L’après-midi même, alors qu’il m’avait été attribué une place dans l’une des classes de quatrième, l’un de mes professeurs – un curieux – devant tous les élèves, m’avait interrogé sur mon parcours – mes exploits ! – qu’il serait intéressé de savoir quel avait été le dernier qui m’avait fait exclure du collège d’Orthez. « Je vais vous le dire, monsieur ».
La voici, telle que je m’en souviens et vous assure bien m’en souvenir ! Un jour de composition d’histoire-géographie, mon voisin de table qui apprenait et surtout retenait – ce qui n’était pas souvent mon cas, hélas – ayant placé,  quelques minutes après le « coup d’envoi »  de l’exercice, sa  première feuille entre nous deux, je ne m’étais pas gêné pour copier textuellement ses écrits… ainsi que ceux de la deuxième page… en éliminant  toutefois deux ou trois fautes d’orthographe… mon point « fort » !
Cours suivant, cérémonial de remise, à chacun de nous, de copie notée avec petit commentaire et avec au départ de l’exercice, les moins bonnes notes. Arrivé à dix, mon nom toujours pas cité, certain d’avoir plus de la moyenne, j’attendais calmement la suite. À treize, le nom de mon camarade de table appelé, j’attendais le mien. Rien jusqu’à la dernière copie. À ce moment-là, j’ai pensé que le prof s’étant aperçu de ma tricherie… mais non, Fort : 18 ! Je sais avoir regardé mon voisin et aussitôt levé la main pour m’adresser au prof. « Monsieur, vous ne vous êtes pas trompé, j’ai 18 et lui, le désignant du doigt, 13. C’est pas normal ! » « Qu’est-ce est qui n’est pas normal ? » « la note monsieur ! » Là, s’étant avancé vers moi – j’ai cru qu’il allait me gifler – mais a simplement dit alors « pourquoi élève Fort ? » « Tout simplement parce que j’ai tout copié sur sa copie… et il y a cinq points d’écart à mon avantage ! »
Alors là, de colère, avant de me faire sortir de la salle de classe, il m’a traité de menteur, accusé de dire n’importe quoi, de l’accuser d’être incompétent. « Allez, sortez ».
La suite s’il vous plait ? Eh bien, après la récréation, convocation dans le bureau du directeur – j’en avais l’habitude ! – « J’avertis vos parents et note trois jours d’expulsion pour injures à professeur… »
En voilà une belle histoire  !… Passons à notre cours !
Je pense que c’est à partir du jour de ce renvoi du collège que l’injustice m’est devenue insupportable…Tout comme les tricheurs sur les terrains de sport !
Très vite, j’allais apprendre qu’au lycée l’on jouait au rugby à l’association sportive et que l’on y jouait depuis la catégorie des Minimes. Je m’y présentais le jeudi suivant pour y être admis à participer aux rencontres OSSU – à laquelle ferait suite l’ASSU -. Nous avons joué, sans un seul entrainement véritablement organisé trois ou quatre rencontres contre des équipes de collèges ou lycées de Pau ou de banlieue. J’ai le souvenir, à Bizanos, d’une après-rencontre disputée sous la pluie et à la fin de laquelle nous étions allés nous nettoyer dans l’eau du Gave, un peu froide à vrai dire.
Dès le début, je m’étais installé au poste de troisième ligne aile, car j’y étais libre de courir un peu partout sur le terrain. J’étais grand, je possédais des jambes longues et capables de courir longtemps. Après ces premières rencontres, toutes victorieuses, notre professeur nous annonçait que l’on disputerait une finale départementale face à la meilleure équipe scolaire du Pays basque. Et à Orthez !
En ville neutre !Bien entendu, mon père ne pouvait que l’apprendre !

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